VIII
Le BÈbÈ-Cochon.

Aimeriez-vous que l'on vous parle de la visite d'Alice ý la Duchesse ? Ce fut en effet une visite trËs intÈressante, je peux vous l'assurer.
Naturellement, pour commencer, Alice frappa ý la porte, mais cela ne fit venir personne, aussi Alice dut-elle ouvrir la porte elle-mÍme.
A prÈsent, si vous regardez l'image, vous verrez exactement ce que vit Alice en entrant.
La porte, vous voyez, donnait directement sur la cuisine. La Duchesse Ètait assise au milieu de la piËce, et elle avait le BÈbÈ dans les bras. Le BÈbÈ hurlait. La soupe bouillait. La CuisiniËre remuait la soupe. Le Chat - c'Ètait un Chat du Cheshire - souriait en montrant les dents, comme le font toujours les Chats du Cheshire. Toutes ces choses se passaient juste ý l'instant o˜ Alice entra.
La Duchesse a un joli bonnet et une jolie robe, n'est-ce pas ? Mais je crains bien qu'elle n'ait pas un trËs joli visage.
Le BÈbÈ - eh bien, j'ose dire que vous avez dš voir nombre de bÈbÈs plus charmants que celui-lý, et plus aimables, aussi. Regardez-le bien quand mÍme, et nous verrons si vous le reconnaissez la prochaine fois que vous le rencontrerez !
La CuisiniËre - eh bien, il se peut que vous en ayiez aperÁu de plus belles, une ou deux fois.
Mais je suis presque sur que vous n'avez jamais vu un plus beau Chat ! En avez-vous vu ? et n'aimeriez-vous pas vous aussi en possÈder un tout pareil, avec d'adorables yeux verts et un si gentil sourire ?
La Duchesse se montra trËs brusque ý l'Ègard d'Alice. Et cela n'a rien d'Ètonnant. Elle mÍme appelait son propre BÈbÈ : ´ Cochon ! ª Et ce n'Ètait pas un Cochon, n'est-ce pas ? Elle donna l'ordre ý la CuisiniËre de couper la tÍte d'Alice ; ce que la CuisiniËre, bien sšr, ne fit pas, et ý la fin elle lui lanÁa le BÈbÈ ! Alice attrapa donc le BÈbÈ, et elle l'emporta : et c'Ètait, je pense, ce quelle avait de mieux ý faire.
Alice s'en alla de-ci de-lý ý travers le bois, tout en portant la vilaine petite chose. Et c'Ètait tout un travail que de la tenir dans ses bras, tant elle gigotait. Mais pour finir Alice trouva le bon moyen, qui Ètait de la tenir par le pied gauche et par l'oreille droite.
Mais n'essayez surtout pas de tenir un BÈbÈ de cette maniËre ! Il n'y a pas beaucoup de bÈbÈs qui aiment qu'on les dorlote de cette faÁon-lý.
Le BÈbÈ d'ailleurs ne cessait de grogner et de grogner encore, de telle sorte qu'Alice en vint ý lui dire, tout ý fait sÈrieusement : ´ Si tu es en train de te changer en Cochon, mon cher, je n'aurai plus rien ý faire avec toi. Attention ! ª
Elle finit par regarder le visage du BÈbÈ, et que lui Ètait-il arrivÈ d'aprËs vous ? Regardez l'image, et voyez si vous pouvez le deviner.
´ Quoi, ceci n'est pas le BÈbÈ qu'Alice avait dans les bras, n'est-ce pas ? ª
Ah, je savais bien que vous refuseriez de le reconnaÓtre, quoique je vous aie dit de regarder comme il faut ! Mais oui, c'est le BÈbÈ. Et il s'est changÈ en un petit Cochon !
Alice le mit donc ý terre, et elle le laissa s'en aller au trot dans le bois. Et elle se dit ý soi-mÍme: ´ C'Ètait un trËs vilain BÈbÈ, mais cela fait, je pense, un plutÙt joli Cochon.ª
Ne pensez-vous pas qu'elle avait raison ?

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