V
Bill, le LÈzard.
Maintenant, je vais vous raconter les aventures d'Alice dans la maison du Lapin Blanc.
Vous souvenez-vous de la faÁon dont le Lapin laissa tomber ses gants et son Èventail, quand il fut tellement pris de peur en entendant la voix d'Alice, qui semblait descendre du ciel ? Eh bien, il ne pouvait, Èvidemment, se rendre chez la Duchesse sans ses gants et son Èventail : aussi revint-il bientÙt les chercher.
Entre-temps, le Dodo et les autres crÈatures bizarres Ètaient partis, et Alice, restÈe seule, errait Áý et lý.
Que pensez-vous que fit le Lapin ? Il prit Alice pour sa servante et lui donna des ordres : ´ Marianne ! ª dit-il, ´ allez sur-le-champ ý la maison et rapportez-moi une paire de gants et un Èventail ! Faites vite ! ª
Peut-Ítre n'y voyait-il pas trËs clairement avec ses yeux roses, car je suis sšr qu'Alice ne ressemble pas du tout ý une servante, n est-ce pas ? Cependant, comme c'Ètait une petite fille ayant un excellent caractËre, elle ne se vexa pas un brin, mais courut aussi vite qu'elle le put ý la maison du Lapin.
Par chance, elle trouva la porte ouverte, autrement, si elle avait dš sonner, je suppose que la vraie Marianne serait venue ouvrir, et qu'elle n'aurait jamais laissÈ entrer Alice. Et je suis persuadÈ que ce fut pour Alice une grande chance que de ne pas rencontrer la vraie Marianne en montant quatre ý quatre l'escalier, car je crains bien que celle-ci l'aurait prise pour une voleuse !
Alice finit par trouver le chermin de la chambre du Lapin : et il y avait, lý, posÈe sur la table, une paire de gants. Elle s'apprÍtait ý les prendre et ý les emporter, quand elle aperÁut, sur cette mÍme table, une petite bouteille. Et naturellement l'Ètiquette de la bouteille portait les mots : ´ Bois-moi ! ª Et naturellement, Alice en but quelque peu !
Eh bien, je pense que ce fut plutÙt une chance qu'elle le fasse, pas vous ? Car si elle n'y avait pas goštÈ, toute cette merveilleuse aventure que je vais vous raconter n'aurait pas eu lieu. Et n'aurait-ce pas ÈtÈ dommage ?
Vous avez maintenant si bien l'habitude des aventures d'Alice, que vous pourriez, si j'ose dire, deviner ce qui lui arriva ensuite. Mais si vous ne le pouvez pas, je vais vous le raconter.
Elle grandit, grandit, grandit. Et en peu de temps la piËce fut pleine d'Alice : oui, pleine, tout comme un pot est plein de confiture ! Il y avait de l'Alice jusqu'au plafond: et de l'Alice dans tous les coins de la piËce !
La porte s'ouvrait vers l'intÈrieur : il n'y avait donc plus de place pour l'ouvrir, aussi quand le Lapin, fatiguÈ d'attendre, vint chercher lui-mÍme ses gants, il ne put Èvidemment pas entrer.
Que pensez-vous donc qu'il fit ? (A prÈsent, nous en arrivons ý l'image.) Il expÈdia Bill, le LÈzard, tout en haut du toit de la maison, et il lui dit de descendre dans la cheminÈe. Mais il se trouva qu'Alice avait l'un de ses pieds dans l'’tre, aussi quand elle entendit Bill descendre par le conduit, elle n'eut qu'ý donner un tout petit coup de pied, et hop ! Bill s'en fut voler trËs haut dans le ciel !
Pauvre petit Bill ! Ne le plaignez-vous pas beaucoup ? Comme il dut avoir peur !